On connaissait le Burn-out, relaté pour la première fois dès 1974, par le psychiatre H. Freudenberger, dans son article « Staff burnout ». Ce syndrome d’épuisement professionnel qui se manifeste sous forme de perte de motivation et d’efficacité, surtout quand la forte implication d’un individu ne produit pas les résultats qu’il avait attendus.
Le Bore-out, nouveau syndrome très tendance, serait également une forme d’épuisement professionnel. Cependant, celui-ci se manifeste quand l’individu souffre d’ennui, manque de travail et ne trouve pas de satisfaction dans son cadre professionnel. Selon la théorie présentée par Peter Werder et Philippe Rothlin, dans « Diagnosis Boreout », 15% des personnes ne rencontrent pas suffisamment de défis et s’ennuient au travail.
Diagnostic
A notre époque, il paraît indispensable de se montrer « surchargé ». Ceux qui ne le sont pas passent pour des paresseux et, la plupart du temps, l’oisiveté n’est plus tolérée. Bien que nécessaire par moments judicieusement choisis, elle est devenue un tabou qu’il s’agit donc de dissimuler.
Les trois symptômes qui caractérisent le syndrome sont : l’ennui, l’absence de défis et le désintérêt. Les auteurs prétendent que si vous répondez de manière affirmative à au moins 4 questions parmi celles-ci :
• Au travail, passez-vous du temps à des occupations personnelles ?
• Êtes-vous sous-investi ou vous ennuyez-vous ?
• Vous arrive-t-il de faire semblant de travailler alors que vous n’avez rien à faire ?
• Êtes-vous fatigué le soir alors que votre journée n’a pas été stressante ?
• Êtes-vous malheureux dans votre travail ?
• Trouvez-vous que votre travail n’a pas de sens ? Pourriez-vous finir votre travail plus vite que vous ne le faites ?
• Avez-vous peu ou pas d’intérêt pour votre travail ?
vous souffrez certainement de Bore-out ou êtes en phase d’y succomber.
Les différentes typologies
Les auteurs décrivent également 3 types de victimes de ce syndrome :
1. Le « Passager du Titanic » ou celui qui est prêt à sombrer, mais pas encore conscient de sa souffrance
2. Le « Caméléon » ou celui qui utilise des tactiques pour n’avoir rien à faire ou repousser la tâche le plus possible, sans que personne ne s’aperçoive de son stratagème
3. L’ « Asticot » ou celui qui ne fait vraiment rien.
Stratégies
Sous une apparence fictive de stress et d’activité intense, l’objectif de l’individu en Bore-out est de paraître sur-occupé, afin de ne pas recevoir d’autres tâches ennuyantes supplémentaires, voire de ne pas perdre son emploi. Ainsi, il emploie des moyens tels que :
• Etirement en longueur des tâches : l’individu prend énormément de temps pour effectuer une tâche qui n’en nécessite que peu ou il peut également effectuer son travail rapidement, afin de passer le reste du temps à des occupations privées ou encore entrecouper sa tâche par de multiples petites pauses.
• Pseudo-investissement : l’individu adopte des comportements qui donnent l’impression qu’il est très investi en effectuant des heures supplémentaires sans aucun sens (présentéisme), ou en mangeant son repas de midi à sa place de travail pour faire croire à un investissement tel qu’il ne peut supporter une pause.
Conséquences pour l’employé
L’insatisfaction, l’épuisement et l’ennui peuvent mener à une diminution de l’estime de soi. L’apathie qui résulte de ce manque de goût pour son job peut mener l’individu à trouver un manque de sens à sa vie de manière plus globale. Ces conséquences, plus ou moins graves d’une personne à l’autre, sont susceptibles de la propulser dans une forme de sentiment d’inutilité, pouvant se transformer en dépression.
Conséquences pour l’entreprise
Le manque de loyauté de l’employé et le risque accru d’un congé maladie représentent une charge financière. Werder et Rothlin citent une étude, menée par AOL, sur 10’000 employés, qui a démontré que pour une journée de travail de 8 heures, les employés gaspilleraient en moyenne plus de 2 heures à accomplir des tâches sans rapport avec leur job. Par ailleurs, cette étude démontre que l’accroissement de la surveillance des employés serait une des principales causes. En effet, cette vigilance renforcerait les employés à tenter d’y échapper, dans un comportement que l’on pourrait qualifier de « passif-agressif », notamment grâce aux moyens de la technologie actuelle. Par exemple, si l’utilisation d’internet est contrôlée, l’employé peut désormais y accéder par son téléphone portable.
Que faire ?
Les responsabilités sont mutuelles. L’entreprise se doit de distribuer des tâches gratifiantes à chacun et ne pas laisser toujours les mêmes individus s’attribuer les éléments les plus intéressants. L’employé se doit de se confronter à la réalité de son ennui et s’encourager à demander des tâches plus stimulantes. En dernier recours, lorsque la situation ne peut évoluer favorablement, il peut s’avérer judicieux d’envisager un changement d’emploi.